Le vocabulaire de la perception visuelle chez Thucydide

Hélène Perdicoyianni-Paléologou

University of Johannesburg
hperdicpal@gmail.com

Recibido 29/08/2020. Aceptado 17/08/2021

Résumé

Le présent travail vise à déterminer la signification des verbes ὁρῶ, βλέπω, θεάομαι chez Thucydide. L’étude sémantique de diverses constructions syntaxiques des verbes permet de définir sa valeur fondamentale, ses spécificités et ses valeurs métaphoriques.

MOTS-CLES: sémantique, valeur fondamentale, valeur métaphorique, perception visuelle, perception cognitive

The vocabulary of visual perception in Thucydides

Abstract

The present article explores the meanings of the verbs ὁρῶ, βλέπω, θεάομαι in Thucydides. The semantic study of various syntactic constructions of the verbs uncovers their fundamental value as well as their specificities and their metaphorical value.

KEYWORDS: semantics, fundamental value, metaphorical value, visual perception, cognitive perception

0. Introduction

Dans ce travail, nous nous intéressserons aux rapports entre syntaxe et sémantique des verbes de perception visuelle1 (Vpv) (ὁρῶ,2 βλέπω,3 θεάομαι) chez Thucydide.

Sur le plan syntaxique, ces verbes se caractérisent par la variété de leur complémentation: ils parcourent en effet toute la gamme des compléments verbaux, de la complémentation nominale (Vpv + N ou SN) et pronominale à la complétive (Vpv + ὡς), en passant par les syntagmes infinitivaux, les syntagmes participiaux et la construction attributive.

Sur le plan sémantique, la perception physique est une activité par laquelle on saisit par la vue des entités du premier ordre, à savoir les objets physiques (personnes, choses, animaux etc.) qui se trouvent dans un espace à trois dimensions et de la sorte sont observables, et des entités du deuxième ordre, à savoir les événements, les processus, les états de choses etc., localisés dans le temps et l’espace.4

L’étude sémantique de diverses constructions syntaxiques permettra d’établir la distinction entre la perception physique et la perception cognitive, de mettre en lumière leur aspect concret ou abstrait, l’intentionnalité de l’action visuelle et le caractère temporellement lié ou non de l’événement perçu. Cette approche fera ressortir également la structure du champ sémantique de chaque verbe, sa valeur fondamentale ainsi que ses spécificités, et le distinguera de tous ses concurrents en lui conférant un trait distinctif.

1. Le verbe ὁρῶ

1. 1. La valeur fondamentale : perception visuelle

1. 1. 1. Spécificité 1 : perception physique

Le verbe ὁρῶ couvre un large éventail d’emplois renvoyant à l’aspect de perception visuelle. Ces emplois seront classés en fonction du type de compléments qu’ils régissent et de la nature ontologique de ceux-ci. Pour ce qui est des emplois du passif, ils seront répartis suivant la nature ontologique du sujet et les constituants s’y référant.

1. 1. 1. 1. Suivi d’un accusatif de nom, figurant seul ou au sein d’un syntagme nominal, le verbe désigne le fait de voir une ou plusieurs personne(s) [I 78,4: καὶ ἡμῶν τοὺς ἐν τῇ αὐτῇ ἡλικίᾳ ὁρῶ; I 134,1: ἑνὸς μὲν τῶν ἐφόρων τὸ πρόσωπον προσιόντος ὡς εἶδε; II 86,4: ἐπειδὴ καὶ τοὺς Ἀθηναίους εἶδον; ΙΙΙ 16,6: ἐκείνους εἶδον; III 23: Οἱ μὲν οὖν Πλαταιεῖς ἐκείνους ἑώρων; III 33,2: αὐτὸν ἰδοῦσαι ἐν τῷ κλήρῳ; ΙV 36,2: ὥστε μὴ ἰδεῖν ἐκείνους; IV 47,3: εἴ που τίς τινα ἴδοι ἐχθρὸν ἑαυτοῦ; IV 125: πρὶν τὸν Βρασίδαν ἰδεῖν; V 65,1: ὡς εἶδον αὐτοὺς; V 80,2: τοὺς Ἀργειους ἑώρα; VI 30,2: τοὺς δ᾽ εἴ ποτε ὄψοιτο; VI 51,2: ὡς εἶδον τὸ στράτευμα; VII 44,2: ἑώρων δὲ οὕτως ἀλλήλους; VII 75,4: εἴ τινα πού τις ἴδοι ἢ ἑταίρων ἢ οἰκείων; VII 77,4: ὁρῶντες ὑμᾶς αὐτούς; VIII 23,4: ἐλπίζων τοὺς Μηθυμναίους θαρσήσειν τε ἰδόντας σφᾶς; VII 29,4: ὅσα ἄλλα ἔμψυχα ἴδοιεν; VIII 71,1: εἴ τε στρατιὰν πολλὴν ἴδοι σφῶν; VIII 84,3: ὡς εἶδον τὸ πλῆθος τῶν στρατιῶτῶν; VIII 105,3: ἐπειδὴ καὶ τοὺς ἄλλους ἑώρων] et des objets matériels (entités du premier ordre) [I 51,1: οὐχ ὅσας ἑώρων ἀλλὰ πλείους εἶναι; I 54,2: ἰδόντες τὰς Ἀττικὰς ναῦς; III 32,3: ὁρῶντες γὰρ τὰς ναῦς; III 113,2: Ἰδὼν δὲ ὁ κῆρυξ τὰ ὅπλα τῶν ἀπὸ τῆς πόλεως Ἀμπρακιωτῶν; IV 44,4: κονιορτὸν δὲ ὡς εἶδον καὶ ἔγνωσαν; VI 46,4: ὡς χρήματα πολλὰ ἴδοιεν; VII 29,4: καὶ πρόσετι καὶ ὑποζύγια καὶ ὅσα ἄλλα ἔμψυχα ἴδοιεν; VII 30,2: ὡς ἑώρων τὰ ἐν τῆ γῇ.].

À la perception visuelle d’une telle entité renvoient également trois types de constructions différentes de ὁρᾶν: i) les emplois du verbe à l’aoriste passif [I 51,2: τοῖς δὲ Κερκυραίοις ἐπέπλεον γὰρ μᾶλλον ἐκ τοῦ ἀφανοῦς οὐχ ἑωρῶντο; I 51,4: διὰ τῶν νεκρῶν καὶ ναυαγίων προσκομισθεῖσαι κατέπλεον ἐς τὸ στρατόπεδον οὐ πολλῷ ὕστερον ἢ ὤφθησαν; II 50,2: καὶ οὐχ ἑωρῶντο οὔτε ἄλλως οὔτε περὶ τοιοῦτον οὐδέν; II 81,3: διεῖχον δὲ πολὺ ἀπ᾽ ἀλλήλων καὶ ἔστιν ὅτε οὐδὲ ἑωρῶντο; II 102,5: ὅτε ἔκτεινε τὴν μητέρα μήπω ὑπὸ ἡλίου ἑωρᾶτο μηδὲ γῆ ἦν; IV 74,2: εἰδότες ὅτι ὤφθησαν εὐθὺς ὑπεξῆλθον; V 60,3: ὤφθη δὲ μάλιστα ἕως ἔτι ἦν ἀθρόον ἐν Νεμέᾳ]; ii) les emplois suivis d’un pronom relatif, qui reprend anaphoriquement le contenu d’un constituant nominal figurant dans la partie précédente de la phrase et désignant un groupe de personnes [VIII 93,2: ἔπειθον οὓς ἴδοιεν ἀνθρώπους ἐπιεικεῖς αὐτούς τε ἡσυχάζειν] ou un élément terrestre [II 77,4: καὶ ἐγένετο φλὸξ τοσαύτη ὅσην οὐδείς πω ἔς γε ἐκεῖνον τὸν χρόνον χειροποίητον εἶδεν] ;5 iii) les emplois suivis d’une tournure attributive. Cette construction repose sur l’association d’un accusatif de nom désignant des êtres humains [III 82,7: εἰ ἴδοι ἄφαρκτον; VIII 66,2: ὁρῶν πολὺ τὸ ξυνεστηκός] et des objets matériels, en l’occurrence des navires [IV 24,3: ὁρῶντες τοῖς Ἀθηναίοις τὰς μὲν παρούσας ναῦς ὀλίγας; IV 25,4: ὁρῶντες τὰς ναῦς κενάς; VIII 1,2: ἅμα δὲ ναῦς οὐχ ὁρῶντες ἐν τοῖς νεωσοίκοις ἱκανὰς ; VIII 6,2: ὡς ἑώρα τὰς ναῦς πολλὰς τὰς ἀπὸ τῆς Χίου], et un adjectif attribut apportant une précision sur leur état actuel.

1. 1. 1. 2. La production d’un fait qui constitue l’objet de l’expérience visuelle exprimée par ὁρῶ est généralement rendue linguistiquement par un nom, suivi d’un attribut ou bien repris par un pronom, par des participes présents nominalisés, des syntagmes participiaux et par des complétives introduites par ὡς.6 Les entités perçues visuellement sont donc des entités du second ordre.

1. 1. 1. 2. 1. Le nom employé seul ou au sein d’un syntagme nominal exprime l’état d’âme des soldats [III 77,3: ἰδόντες οἱ Πελοποννήσιοι τὴν ταραχήν εἴκοσι μὲν ναυσὶ πρὸς τοὺς Κερκυραίους ἐτάξαντο; VI 59,2: εἴ πόθεν ἀσφάλειάν τινα ὁρῴη], leur condition pénible [II 70,2: ὁρῶντες μὲν τῆς στρατιᾶς τὴν ταλαιπωρίαν; IV 34,2: ἄπορόν τε ἦν ἰδεῖν τὸ πρὸ αὑτοῦ] et les actions militaires de l’adversaire, telles sa préparation [I 83,3: καὶ ἴσως ὁρῶντες ἡμῶν ἤδη τήν τε παρασκευήν; VII 65,1: ὁρῶσι καὶ τὴν αὐτὴν τὴν παρασκευήν; VII 75,4: ὁρῶσι καὶ αὐτὴν τὴν παρασκευήν] et sa façon d’agir [IV 112: ἰδὼν τὸ σύνθημα; V 9,4: ὅστις δὲ τὰς τοιαύτας ἀμαρτίας τῶν ἐναντίων κάλλιστα ἰδών; VII 60,1: Τοῖς δὲ Ἀθηναίοις τήν τε ἀπόκλησιν ὁρῶσιν]. Il est à noter l’attestation de la tournure passive consituée du participe présent au génitif singulier ou pluriel (ὁρωμένου/ὁρωμένων) et du Nom ‘sujet’ désignant la situation menaçante actuelle [II 42,4: ἔργῳ δὲ περὶ τοῦ ἤδη ὁρωμένου σφίσιν αὐτοῖς ἀξιοῦντες πεποιθέναι; III 45,5: τῶν ὁρωμένων δεινῶν].

1. 1. 1. 2. 2. Au sein des tournures attributives, le nom accompagné de l’adjectif attributif désigne le retournement brusque de la fortune [II 53,1: ἀγχίστροφον τὴν μεταβολὴν ὁρῶντες τῶν τε εὐδαιμόνων καὶ αἰφνιδίως θνῃσκόντων καὶ τῶν οὐδὲν πρότερον κεκτημένων, εὐθὺς δὲ τἀκείνων ἐχόντων], la bravoure absente chez l’adversaire [III 6,1: οἱ δὲ Ἀθηναῖοι πολὺ ἐπιρρωσθέντες διὰ τὴν τῶν Μυτιληναίων ἡσυχίαν ξυμμάχους τε προσεκάλουν, οἳ πολὺ θᾶσσον παρῆσαν ὁρῶντες οὐδὲν ἰσχυρὸν ἀπὸ τῶν Λεσβίων] et son immense trouble d’esprit [III 16,2: οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι ὁρῶντες πολὺν τὸν παράλογον τά τε ὑπὸ τῶν Λεσβίων ῥηθέντα ἡγοῦντο οὐκ ἀληθῆ].

1. 1. 1. 2. 3. Remplissant la fonction du complément d’objet direct de ὁρῶ, le pronom relatif sert d’opérateur anaphorique du contenu d’un constituant désignant une des composantes du système d’éducation athénien [II 39,1: οὐκ ἐστι ὅτε ξενηλασίαις ἀπείργομεν τινα ἢ μαθήματος ἢ θεάματος, ὅ μὴ κρυφθὲν ἄν τις τῶν πολεμίων ἰδών], et de celui d’une proposition décrivant un fait sinistre, en l’occurrence le ravage du pays [II 21,2: ἐπειδὴ δὲ περὶ Ἀχαρνὰς εἶδον τὸν στρατὸν ἑξήκοντα σταδίους τῆς πόλεως ἀπέχοντα, οὐκέτι ἀνασχετὸν ἐποιοῦντο, ἀλλ᾽ αὐτοῖς, ὡς εἰκός, γῆς τεμνομένης ἐν τῷ ἐμφανεῖ, οὔπω ἑωράκεσαν οἵ γε νεώτεροι]. Étant donné que l’opérateur anaphorique et les constituants anaphorisés figurent dans la même phrase, les anaphores effectuées sont intraphrastiques.7

Par contre, le pronom ταῦτα et le relatif de liaison ἅ,8 assumant la même fonction syntaxique que le pronom relatif, produisent des anaphores transphrastiques. Faisant office de connecteur de phrase, ils reprennent le contenu de la phrase précédente qui décrit les actions guerrières de l’ennemi [II 92,1: τοὺς δ᾽ Ἀθηναίους ἰδόντας ταῦτα γιγνόμενα θάρσος τε ἔλαβε, καὶ ἀπὸ ἑνὸς κελεύσματος ἐμβοήσαντες ἐπ᾽ αὐτοὺς ὥρμησαν; IV 15,1: Ταῦτα δὲ ὁρῶντων τῶν Ἀθηναίων ; IV 14,2: Ἅ ὁρῶντες οἱ Λακεδαιμόνιοι; VI 102,4: Ἅ ὁρῶντες οἱ ἄνωθεν].

1. 1. 1. 2. 4. Les participes présents nominalisés (τὸ γινόμενον, τὰ γινόμενα, τὰ παρόντα) qui servent d’objet syntaxique à ὁρῶ désignent la situation actuelle militaire [III 75,5: ὁρῶντες δὲ οἱ ἄλλοι τὰ γινόμενα; III 81,3: ὡς ἑώρων τὰ γιγνόμενα; IV 116: τὸ γινόμενον ὁρῶν; VIII 74,3: ὡς εἶδε τὰ παρόντα].

1. 1. 1. 2. 5. La construction de ὁρῶ avec un ou deux syntagmes participiaux coordonnées est la plus représentée.

1. 1. 1. 2. 5. 1. À prendre en considération le sens du participe et la nature ontologique du ‘sujet’, on constate que la référence est fréquemment faite à des êtres humains (entités du premier ordre), en l’occurrence des guerriers qui remportent un vif succès au combat [IV 55,1: ἰδόντες μὲν τοὺς Ἀθηναίους τὰ Κύθηρα ἔχοντας; VI 75,3: ὁρῶντες τοὺς Ἀθηναίους ἐν τῇ μάχῃ εὖ πράξαντες; VII 71,3: εἰ μὲν τινες ἴδοιέν πω τοὺς σφετέρους ἐπικρατοῦντες], qui font preuve d’audace [VI 34,8: εἰ δ᾽ ἴδοιεν παρὰ γνώμην τολμήσαντες] et de résistance [VII 13,2: ἐπειδὴ παρὰ γνώμην ναυτικόν τε δὴ καὶ τ᾽ἄλλα ἀπὸ τῶν πολεμίων ἀνθεστῶτα ὁρῶσιν] mais aussi de soumission [II 81,6: καὶ οἱ ἄλλοι βάρβαροι οὐκέτι ὑπέμειναν ὡς εἶδον αὐτοὺς ἐνδόντας], qui accomplissent des actions bénéfiques pour eux [I 1: τὸ ἄλλο Ἑλληνικὸν ὁρῶν ξυνιστάμενον; I 62,5: ἐπειδὴ … εἶδον τοὺς ἐναντίους παρασκευαζομένους ὡς ἐς μάχην] aussi bien que des actions hostiles et destructives contre l’ennemi [II 12,1: εἴ τι ἄρα μᾶλλον ἐνδοῖεν οἱ Ἀθηναῖοι ὁρῶντες σφᾶς ἤδη ἐν ὁδῷ ὄντας; II 83,3: ἐπειδὴ μέντοι ἀντιπαραπλέοντάς τε ἑώρων αὐτοὺς; II 90,3: ὡς ἑώρα ἀναγομένους αὐτούς; III 24,1: ἑώρων τοὺς Πελοποννησίους τὴν πρὸς Κιθαιρῶνα καὶ Δρυὸς κεφαλὰς τὴν ἐπ᾽ Ἀθηνῶν φέρουσαν μετὰ λαμπάδων διώκοντας; IV 44,5: Ἰδόντες δὲ οἱ Ἀθηναῖοι ξύμπαντας αὐτοὺς ἐπιόντας; IV 125,2: ὡς εἶδε τοὺς Μακεδόνας προκεχωρημένους; V 8,1: ὡς εἶδε κινουμένους τοὺς Ἀθηναίους; V 65,2: ὁρῶν πρὸς χωρίον καρτερὸν ἰόντας σφᾶς; V 86,1: Ὁρῶμεν γὰρ αὐτούς τε κριτὰς ἡκόντας ὑμᾶς τῶν λεχθησομένων; VI 57,2: Ὡς εἶδον τινα τῶν ξυνωμοτῶν σφίσι διαλεγόμενον οἰκείως τῷ Ἱππίᾳ; VI 70,3: εἴ τινας προσδιώκοντας ἴδοιεν; VII 53,2: καὶ αὐτοὺς οἱ Τυρσηνοὶ ὁρῶντες ἀτάκτως προσφερομένους; VII 70,8: καὶ οἱ στρατηγοὶ προσέτι ἑκατέρων, εἴ τινά που ὁρῷεν μὴ κατ᾽ἀνάγκην πρύμναν κρουόμενον; VIII 1,2: ὁ δὲ Ἀ. ἐπειδὴ τοὺς Λακεδαιμονίους εἰς τὴν Χίον πρῶτον ὡρμωμένους]. Ils sont également des victimes d’une maladie épidémique et contagieuse [II 48,3: ταῦτα δηλώσω αὐτός τε νοσήσας καὶ αὐτὸς ἰδὼν ἄλλους πάσχοντας] ou l’objet sur lequel s’exercent les actions néfastes de l’adversaire [I 63,1: ὡς ὁρᾷ τὸ ἄλλο στράτευμα ἡσσημένον; I 49,7: ὁρῶντες τοὺς Κερκυραίους πιεζομένους; ΙΙ 4,6: Ὁρῶντες δὲ αὐτοὺς οἱ Πλαταιῆς ἀπειλημμένους; II 48,3: καὶ αὐτὸς ἰδὼν ἄλλους πάσχοντας; II 53,4: καὶ μὴ ἐκ τοῦ πάντας ὁρᾶν ἐν ἴσῳ ἀπολλυμένους; II 62,1: εἰ μὴ καταπεπληγμένους ὑμᾶς παρὰ τὸ εἰκὸς ἑώρων; III 108: ἐπεὶ εἶδον τὸ κατ᾽ Εὐρύλοχον καὶ ὃ κράτιστον ἦν διαφθειρόμενον; III 108,3: ὡς ἑώρων τὸ πλέον νικώμενον; IV 28: ὁρῶν αὐτὸν ἐπτιμῶντα; VII 23,1: ὡς εἶδον τὸ μέγιστον ῥαδίως ληφθὲν; VIII 11,2: καὶ ὁρῶντες τὴν φυλακὴν ἐν χωρίῳ ἐρήμῳ ἐπίπονον οὖσαν; VIII 25,4: ὡς ἑώρων τὸ ἄλλο σφῶν ἡσσώμενον]. Au niveau affectif, ils sont en proie de sentiments pénibles [II 88,3: ὁρῶν αὐτοὺς ἀθυμοῦντας; II 89,1: ὁρῶν ὑμᾶς, ἄνδρες στρατιῶται, πεφοβημένους τὸ πλῆθος τῶν ἐναντίων ξυνεκάλεσα; VII 82,1: καὶ ξυμμάχους ἐώρων ἤδη τεταλαιπωρημένους τοῖς τε τραύμασι καὶ τῇ ἄλλῃ κακώσει]; ils manifestent une disposition d’esprit ferme les incitant à entreprendre des audacieuses actions militaires [IV 9,1: Δημοσθένης ὁρῶν τοὺς Λακεδαιμονίους μέλλοντας προσβάλλειν ναυστί τε ἅμα καὶ πεζῷ, παρεσκεύαζετο καὶ αὐτός; IV 27,4: ὁρῶν αὐτοὺς καὶ ὡρμημένους τι τὸ πλέον τῇ γνώμῃ στρατεύειν ; VI 20: Ἐπειδὴ πάντως ὁρῶ ὑμᾶς, ὦ Ἀθηναῖοι, ὡρμημένους στρατεύειν; VIII 40,3: ὡς ἑώρα καὶ τοὺς ξυμμάχους προθύμους ὄντας]; ils changent brusquement d’attitude et de comportement [VIII 90: ὁρῶντες τούς τε πολλοὺς καὶ σφῶν τοὺς δοκοῦντας πρότερον πιστοὺς εἶναι μεταβαλλομένους] et ils font preuve d’une mauvaise volonté de coopération [VIII 56,3: ἐπειδὴ ἑώρα ἐκεῖνον καὶ ὥς οὐ ξυμβησείοντα].

Dans les propositions passives, ὁρῶμαι ayant comme sujet un ou plusieurs êtres humains est suivi d’un participe présent. Il exprime le fait d’être aperçu en train d’accomplir une action militaire [III 33,1: ὤφθη γὰρ ὑπὸ τῆς Σαλαμινίας καὶ Παράλου ἔτι περὶ Κλάρον ὁρμῶν; III 81,1: ὅπως μὴ περιπλέοντες ὀφθῶσιν; IV 73,3: εἰ μὲν γὰρ μὴ ὤφθησαν ἐλθόντες].

La perception visuelle d’une telle action est aussi rendue par la tournure formée au moyen du verbe au passif et d’un syntagme participial désignant l’auteur de l’action (ὑφ᾽ ἡμῶν) exprimée linguistiquement par le pronom indéfini τι. Ceci est accompagné d’un adjectif attribut indiquant la qualité de l’action produite [VI 34,6: ἀσμένου ἂν πρόφασιν λαβόντος, εἴ τι ἀξιόχρεων ὑφ᾽ ἡμῶν ὀφθείη].

Les syntagmes participiaux coordonnés par la conjonction καί ont en grande partie le même sujet. Ils servent à relier deux actions dont la seconde est la conséquence de la première : la destruction des biens d’un peuple est l’effet des ravages exercés par l’ennemi [ΙΙ 11,6 : ὅταν ἐν τῇ γῇ ὁρῶσιν ἡμᾶς δῃοῦντάς τε καὶ τὰ ἐκείνων φθείροντας]; de la difficulté dont les soldats éprouvent à réussir un arrangement en bataille résultent leur dispersion ou leur agitation [VI 98,3: ὡς ἑώρων σφίσι τὸ στράτευμα διεσπασμένoν τε καὶ οὐ ραδίως ξυντασσόμενον; VII 3,3: Καὶ ὁ Γύλιππος ὁρῶν τοῦς Συρακουσίους ταρασσομένους καὶ οὐ ραδίως ξυντασσομένους ; VII 78,1: Ὁ μὲν Νικίας τοιάδε παρακελεύομενος ἅμα ἐπῄει τὸ στράτευμα καὶ, εἴ πῃ ὁρῴη διεσπασμένον καὶ μὴ ἐν τάξει χωροῦν]; la terreur chez l’adversaire est causée par la pression exercée par le commandant de l’armée ennemie [V 9,7: ὅταν ἐμὲ ὁρᾷς ἤδη προσκείμενον καὶ κατὰ τὸ εἰκὸς φοβοῦντα αὐτούς]; la désobéissance des troupes au stratège découle de leur changement de décision [IV 106,2: ἐπειδὴ καὶ τὸ πλῆθος ἑώρων τετραμμένον καὶ τοῦ παρόντος Ἀθηναίων στρατηγοῦ οὐκέτι ἀκροούμενον]; leur conduite guerrière est le résultat de leur disposition d’esprit désagréable [II 59,3: Ὁ δὲ ὁρῶν αὐτοὺς πρὸς τὰ παρόντα χαλαιπόντας καὶ πάντα ποιοῦντας ἅπερ αὐτὸς ἤλπιζε].

Les syntagmes participiaux coordonnés par καί sont également destinés à combiner deux actions complémentaires relevant de la tactique appliquée par l’armée ennemie, à savoir son déploiement concret et son avancement sur le terrain [V 66,1: ὁρῶσι δι᾽ ὀλίγου τοὺς ἐναντίους ἐν τάξει τε ἤδη πάντας καὶ ἀπὸ τὸν λόφον προεληλυθότας]; deux actions incompatibles au code de la morale militaire, tels le renoncement à la violence envers l’ennemi et l’acharnement à réduire à l’esclavage les alliés [III 10,4: ἐπεὶ δὲ ἑωρῶμεν αὐτοὺς τὴν μὲν τοῦ Μήδου ἔχθραν ἀνιέντας, τὴν δὲ τῶν ξυμμάχων δούλωσιν ἐπειγομένους]; deux façons d’agir contradictoires, à savoir l’attitude qui trahit de l’indécision et de l’incertitude, d’une part, et la production des actions salutaires à la force militaire navale, de l’autre [IV 11,4: καὶ ὁρῶν τοῦ χωρίου χαλεποῦ ὄντος τοὺς τριηράρχους καὶ κυβερνήτας, εἴ που καὶ δοκοίη δυνατὸν εἶναι σχεῖν, ἀποκνοῦντας καὶ φυλασσόμενους τῶν νεῶν μὴ ξυντρίψωσιν]; deux états affectifs différents, telles la déception et la volonté de s’exposer au risque [VII 60,5: ὁρῶν τοὺς στρατιώτας τῷ τε παρὰ τὸ εἰωθὸς πολὺ ταῖς ναυσὶ κρατηθῆναι ἀθυμοῦντας καὶ διὰ τῆν ἐπιτηδείων σπάνιν ὡς τάχιστα βουλομένους διακινδυνεύειν]; l’état de colère accompagnée de la déraison [II 22,1: ὁρῶν αὐτοὺς πρὸς τὸ παρὸν χαλαιπαίνοντας καὶ οὐ τὰ ἄριστα φρονοῦντας] ou du manque d’audace [VII 76,1: Ὁρῶν δὲ ὁ Νικίας τὸ στράτευμα ἀθυμοῦν καὶ ἐν μεγάλῃ μεταβολῇ ὄν, ἐπιπαριὼν ὡς ἐκ τῶν ὑπαρχόντων ἐθάρσυνε]; deux émotions pénibles successives, en l’occurrence la peur causée par la défaite et la perte de courge qui en résulte [II 86,6: καὶ ὁρῶντες αὐτῶν τοὺς πολλοὺς διὰ τὴν προτέραν ἧσσαν φοβουμένους καὶ οὐ προθύμους ὄντας παρεκελεύσαντο καὶ ἔλεξαν τοιάδε].

Remarquons l’emploi rare de τε… καί9 pour relier deux syntagmes participiaux, dont le premier désigne l’état actuel du déploiement des forces militaires et le second leur déplacement [V 66,1: ὁρῶσι δι᾽ ὀλίγου τοὺς ἐναντίους ἐν τάξει τε ἤδη πάντας καὶ ἀπὸ τὸν λόφον προεληλυθότας].

Les syntagmes participiaux coordonnés par la conjonction καί et ayant chacun son propre sujet sont employés pour associer les actions opposées des deux adversaires. Ainsi le syntagme participial exprimant le massacre du premier poste de l’armée d’Épitadas est relié à celui indiquant la marche aggressive des troupes athéniennes [IV 33,1: ὡς εἶδον τό τε πρῶτον φυλακτήριον διεφθαρμένον καὶ στρατόν σφισι ἐπιόντα]; le syntagme participial renvoyant à la défaite des Messéniens et de leurs alliés est combiné à celui exprimant l’assaut porté par les Lacédémoniens [V 73,3: ἀλλ᾽ ὁρῶντες τούς τε σφετέρους νενικημένους καὶ τοὺς Λακεδαιμονίους ἐπιφερομένους].

L’association de deux actions opposées est également rendue par le couple antithétiques μὲν…δὲ.10 En I 68,3, ce type de coordination sert à combiner le syntagme participial renvoyant aux peuples assujettis aux Athéniens au syntagme participial indiquant les complots perfides que ceux-ci mettent en place. Ce syntagme est ensuite coordinnée à l’aide de la conjonction καί avec le syntagme participial exprimant leur préparation militaire de longue date [I 68,3: ὧν τοὺς μὲ δεδουλωμένους ὁρᾶτε, τοῖς δ᾽ ἐπιβουλεύοντας αὐτούς, καὶ οὐχ ἥκιστα τοῖς ἡμετέροις ξυμμάχοις, καὶ ἐκ πολλοῦ προπαρασκευασμένους].

1. 1. 1. 2. 5. 2. La construction de ὁρῶ avec un syntagme participial ayant comme sujet un territoire ou un objet matériel (entités du premier ordre) est peu représenté.

Les syntagmes participiaux renvoient à l’assujettissement quasi-total d’un pays [I 88,1: ὁρῶντες αὐτοῖς τὰ πολλὰ τῆς Ἑλλάδος ὐποχείρια ἤδη ὄντα], à la position géographique favorable d’un endroit [IV 1,2: ὁρῶντες προσβολὴν ἔχον τὸ χωρίον], aux terres et aux propriétés dévastées [II 11,8: ἄρχειν τε τῶν ἄλλων ἀξιοῦσι καὶ ἐπιόντες τὴν τῶν πέλας δῃοῦν μᾶλλον τὴν αὑτῶν ὁρᾶν; II 73,3: γῆν τεμνομέμην ὁρῶντας; V 95,2: ὡς ἑώρων τὰ ἑαυτῶν δῃούμενα], à la levée de la terre [II 75,4: οἱ δὲ Πλαταιῆς ὁρῶντες τὸ χῶμα αἰρόμενον], aux mouvements des navires [III 112,7: καὶ ὡς εἶδον τὰς Ἀττικὰς ναῦς παραπλεούσας; VII 37,3: ὁρῶντες δὲ καὶ τὰς ναῦς ἐπιφερομένας ἄφνω; VIII 79,2: ὡς εἶδον τὰς τῶν Πελοποννησίων ναῦς προσπλέουσας] et à l’équilibre des forces navales [VII 38,2: ὁ δὲ ἰδὼν ἀντίπαλα τὰ τῆς ναυμαχίας γενόμενα].

La coordination de deux syntagmes participiaux ayant le même sujet est rare. Reliés au moyen de la conjonction καί, les deux syntagmes participiaux indiquent les navires athéniens vaincus et repoussés en dehors des limites de l’escacade et de leur camp [VII 53,1: ὁ δὲ Γύλιππος τὰς ναῦς τῶν πολεμίων νικωμένας καὶ ἔξω τῶν σταυρωμάτων καὶ τοῦ ἑαυτῶν στρατοπέδου καταφερομένας].

1. 1. 1. 2. 5. 3. Le texte de Thucydide fournit un nombre peu élevé d’emplois de syntagmes participiaux coordonnés qui sont caractérisés par la nature ontologique différente du sujet des participes.

En fonction de la nature ontologique du sujet des participes, nous avons dégagé les types de syntagmes participiaux coordonnés suivants:

i) SP1 indiquant le renforcement de l’armée ennemie grâce à l’arrivée de la flotte intacte athénienne (Participe + Nom ‘sujet’ désignant un objet matériel (ναῦς: entité du premier ordre)) … καί … SP2 exprimant la situation embarrassante actuelle (Participe + Nom ‘sujet’ désignant l’état des choses (τὰ ἄπορα: entité du second ordre) [I 52.1: ὁρῶντες προσγεγενημένας ναῦς ἐκ τῶν Ἀθηνῶν ἀκραιφνεῖς καὶ σφίσι πολλὰ τὰ ἄπορα ξυμβεβηκότα]);

ii) SP1 indiquant la fortification de Décélie (Participe + Nom ‘sujet’ désignant une cité (Δεκέλειαν: entité du premier ordre)) … καί … SP2 renvoyant à l’absence de l’armée (Participe + Nom ‘sujet’ désignant des êtres humains (στρατὸν: entité du premier ordre)) … τε … SP3 indiquant la puissance de l’adversaire qui se montre considérable (Participe + Nom ‘sujet’ désignant l’état des choses (δύναμις: entité du second ordre) [VII 42,2: ὁρῶντες τὴν Δεκέλειαν τειχιζομένην οὐδὲν ἧσσον στρατὸν ἴσον καὶ παραπλήσιον τῷ προτέρῳ ἐπεληλυθότα τήν τε Ἀθηναίων δύναμιν πανταχόσε πολλὴν φαινομένην]);

iii) τε … SP1 indiquant le renforcement de l’armée ennemie (Participe + Nom ‘sujet’ désignant des êtres humains (στρατιάν: entité du premier ordre)) … καί … SP2 renvoyant à l’agravation de la situation militaire actuelle (Participe + Nom ‘sujet’ désignant l’état des choses (τὰ ἑαυτῶν: entité du second ordre) [VII 50,3: Οἱ δὲ τῶν Ἀθηναίων στρατηγοὶ ὁρῶντες στρατιάν τε ἄλλην προσγεγενημένην αὐτοῖς, καὶ τὰ ἑαυτῶν ἅμα οὐκ ἐπὶ τὸ βέλτιον χωροῦντα]);

iv) καί … SP1 indiquant le pays dévasté (Participe + Nom ‘sujet’ désignant la terre (γῆν: entité du premier ordre)) … καί … SP2 renvoyant au peuple victime de toute sorte d’actions hostiles (Participe (le Nom ‘sujet’ désignant le peuple (entité du premier ordre) est sous-entendu) [II 74,1: Οἱ Πλαταιῆς ἐβουλεύσαντο Ἀθηναίους μὴ προδιδόναι ἀλλ᾽ ἀνέχεσθαι καὶ γῆν τεμνομένην, εἰ δεῖ, ὁρῶντας καὶ ἄλλο πάσχοντας ὅτι ἂν ξυμβαίνῃ]).

Il est à noter l’emploi de la particule τε répétée à trois reprises et associée à καί. Ce type de coordination sert à unir des entités du premier ordre, soit des parties de la terre et des objects matériels:

SP1 indiquant un continent rempli d’hoplites (Participe + Nom ‘sujet’ désignant une aire de terre ferme (ἤπειρος) + attribut) … τε … Nom désignant une étendue de terre entourée de la mer (νῆσος) fourmillé également d’hoplites (attribut sous-entendu) … τε … SP2 exprimant l’installation des navires dans le port (Participe + Nom ‘sujet’ désignant un objet matériel (ναῦς)) … καί … οὐκ + Participe exprimant l’inactivité des navires (le sujet est sous-entendu) [IV 13,3: Ὡς εἶδον τὴν τε ἤπειρον ὁπλιτῶν περίπλεων τήν τε νῆσον, ἐν τε τῷ λιμένι οὔσας τὰς ναῦς καὶ οὐκ ἐπιπλέουσας].

1. 1. 1. 2. 6. Construit avec une complétive introduite par ὡς, ὁρῶ renvoie au fait de percevoir des états-de-choses (entités du second ordre), en l’occurrence la détérioration physique d’une personne [VII 77,2: ἀλλ᾽ὁρᾶτε δὴ ὡς διάκειμαι ὑπὸ τῆς νόσου] ou bien la situation militaire actuelle [VII 42,3: ὁ δὲ Δημοσθένης ἰδὼν ὡς εἶχε τἀ πράγματα].

1. 1. 1. 2. 7. La perception visuelle de la situation présente est également rendue par la construction absolue du verbe [I 78,4: Ἡμεῖς δὲ ἐν οὐδεμιᾷ πω τοιαύτῃ ἁμαρτίᾳ ὄντες οὔτ᾽ αὐτοὶ οὔθ᾽ ὁρῶντες; II 79,5: καὶ οἱ ἐκ Σπαρτώλου ψιλοὶ ὡς εἶδον θαρσήσαντες τοῖς τε προσγινομένοις; III 4,1: καὶ οἱ Ἀθηναῖοι οὐ πολλῷ ὕστερον καταπλεύσαντες ὡς ἑώρων; ΙV 15,9: ὡς εἲδον; IV 67,4: ἰδόντες ἔθεον; IV 115,3: τοὺς μὲν ἐγγύς καὶ ὁρῶντας; IV 127,1: οἱ δὲ βάρβαροι ἰδόντες; V 10,3: ὡς εἶδεν; VI 101,6: ἰδών; VII 48,3: ὥσπερ καὶ αὐτὸὶ ὁρῶντες; VIII 19,3: καὶ ὡς εἶδον; VIII 34: καὶ ὡς εἶδον]. Il est à noter l’emploi rare de cette construction dans le contexte de la perception d’un objet matériel [I 51,2: πρὶν τινες ἰδόντες].

1. 1. 1. 2. 8. En définitive, on constate que les emplois de ὁρῶ au sens de ‘voir’ expriment la perception physique, concrète, réelle, involontaire des objets physiques et des événements ou des états de choses en cours d’évolution ou révolus.

1. 1. 2. Spécificité 2 : perception cognitive

1. 1. 2. 1. La perception cognitive permet régulièrement de ‘se rendre compte d’un événement, d’un état de choses’, à savoir des entités du second ordre, après un effort d’attention et d’observation. Employé dans cette acception, ὁρῶ se construit de diverses manières :

i) avec un nom ‘objet’ suivi d’un attribut; le syntagme nominal ainsi formé désigne l’esprit bien résolu d’un stratège [IV 123,2: τὴν τοῦ Βρασίδου γνώμην ὁρῶντες ἑτοίμην], la lutte imminente et son ampleur [II 45,1: ὁρῶ μέγαν τὸν ἀγῶνα] ou bien les intérêts communs entre deux parties opposantes [VI 83,2: ὁρῶμεν καὶ ὑμῖν ταὐτὰ ξυμφέροντα];

ii) avec un syntagme participial. Le sujet du participe étant le plus fréquemment une entité du second ordre, la référence est faite à la situation favorable présente [IV 10,2: ἐγὼ δὲ καὶ τὰ πλείω ὁρῶ πρὸς ἡμῶν ὄντα; VII 4,4: ὁρῶν τὰ ἐκ τῆς γῆς σφίσιν, ἐπειδὴ ὁ Γύλιππος ἧκεν, ἀνελπιστότερα ὄντα; V 32,3: ὁρῶντες μέγα μέρος ὄν; VII 42,4: καὶ ὁρῶν τὸ παρατείχισμα τῶν Συρακοσίων, ᾧ ἐκώλυσαν περιτειχίσαι σφᾶς τοὺς Ἀθηναίους, ἁπλοῦν ὄν], les difficultés à réaliser une action [IV 15,2: εἶδον ἀδύνατον ὄν τιμωρεῖν τοῖς ἀνδρᾶσι ; IV 27,1: ὁρῶντες τῶν τε ἐπιτηδείων τὴν περὶ τὴν Πελοπόννησον κομιδὴν ἀδύνατον ἐσομένην], la production immédiate d’un fait [II 7,3: ὁρῶντες, εἰ σφίσι φίλια ταῦτ᾽ εἴη βεβαίως, πέριξ τὴν Πελοπόννησον καὶ ἀναπολεμήσοντες; V 28,2: ὁρῶντες τόν τε Λακεδαιμονίων σφίσι πόλεμον ἐσόμενον], la conduite politique à mettre en œuvre [I 140,1: Ὁρῶ δὲ καὶ νῦν ὁμοῖα καὶ παραπλήσια ξυμβουλευτέα μοι ὄντα] et la tactique militaire envisagée par l’ennemi [I 93,7: Ἰδὼν, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, τῆς βασιλέως στρατιᾶς τῆς κατὰ θάλασσαν ἔφοδον εὐπορωτέραν τῆς κατὰ γῆν οὖσαν]. En revanche, lorsque le sujet du participe sont des êtres humains (entité du premier ordre), le syntagme participial exprime la situation avantageuse [I 32,5: ἡμεῖς ἀδύνατοι ὁρῶμεν ὄντες τῇ οἰκείᾳ μόνον δυνάμει περιγενέσθαι; V 80,3: Οἱ δ᾽ ὁρῶντες ὀλίγοι πρὸς πλείους ὄντες] ou inhabituelle [II 11,7: ἐν τῷ παραυτίκα ὁρᾶν πάσχοντάς τι ἄηθες] dans laquelle les troupes guerrières se trouvent ;

iii) avec deux syntagmes participiaux coordonnés par la conjonction καί qui servent à relier deux actions différentes accomplies par l’armée ennemie [ΙI 90,4: Ἰδόντες δὲ οἱ Πελοποννήσιοι κατὰ μίαν ἐπὶ κέρως παραπλεύοντας καὶ ἤδη ὄντας ἐντὸς τοῦ κόλπου] aussi bien que l’échec des entreprises des militaires à l’état affectif pénible des soldats [VII 47,1: Τοῖς γὰρ ἐπιχειρήμασιν ἑώρων οὐ κατορθοῦντες καὶ τοὺς στρατιώτας ἀχθομένους];

iv) avec deux syntagmes participiaux associés par la négation οὔτε…οὔτε, dont le premier indique la difficulté pour les généraux de prononcer un discours solennel devant la foule et le second l’attitude négative des ennemis envers les conditions proposées [IV 22,3: Ὁρῶντες οἱ Λακεδαιμόνιοι οὔτε σφίσιν οἷόν τε ὂν ἐν πλήθει εἰπεῖν…οὔτε τοὺς Ἀθηναίους ἐπὶ μετρίοις ποιήσοντας ἃ προυκαλοῦντο ; ἀνεχώρησαν ἐκ τῶν Ἀθηνῶν ἄπρακτοι];

v) avec une proposition relative renvoyant à l’enjeu du combat [V 9,10: ὁρῶντες περὶ ὅσων ὁ ἀγών ἐστι] et à la situation militaire actuelle [IV 15,1: ὁρῶντας ὅ τι ἂν δοκῆ];

vi) avec une proposition relative renvoyant à l’immensité du danger et associée par le biais de la conjonction καί à une proposition complétive introduite par ὡς indiquant son approche imminente [VII 69,2: ὁρῶν οἷος ὁ κίνδυνος καὶ ὡς ἐγγὺς ἤδη];

vii) avec une proposition complétive commeçant par ὅτι et indiquant la situation militaire avantageuse [II 89,8: ὁρῶ γὰρ ὅτι πρὸς πολλὰς ναῦς ἀνεπιστήμονας ὀλίγαις ναυσὶν ἐμπείροις καὶ ἄμεινον πλεούσαις στενοχωρία οὐ ξυμφέρει];

viii) avec une proposition infinitive exprimant la difficulté d’une entreprise navale [VIII 60,3: ἑώρων οὐκέτι ἄνευ ναυμαχίας οἷόν τε εἶναι ἐς τὴν Χίον βοηθῆσαι].

1. 1. 2. 2. À l’acception de ‘s’apercevoir, se rendre compte d’une entité après effort d’attention et d’observation’ s’ajoute celle de ‘veiller attentivement à ce que’.

Construit le plus fréquemment avec une proposition introduite par ὅπως ou une proposition relative (ὅτῳ τρόπῳ), ὁρῶ comporte un effort dirigé vers un but. Cet emploi du verbe est constant dans les harangues politiques et militaires. Par le biais de la seconde personne de l’impératif présent (ὁρᾶτε) ou bien de tournures impersonnelles exprimant l’obligation (χρή, δεῖ) et la prudence (σῶφρον ἐστί), l’orateur incite son auditoire à centrer son attention sur la mise en œuvre d’une conduite qui s’avérera profitable à la cité et à l’armée [III 46,4: δεῖ … ὁρᾶν ὅπως ἔς τὸν ἔπειτα χρόνον μετρίως κολάζοντες ταῖς πόλεσι ἕξομεν ἐς χρημάτων λόγον ἰσχύουσαις χρῆσθαι; V 27,2: Ὡς οὖν ἐν τάχει παρεσομένων, ὁρᾶτε ἀπὸ τῶν ὑπαρχόντων ὅτῳ τρόπῳ κάλλιστα ἀμυνεῖσθε αὐτοὺς; VI 41,2: (σῶφρον ἐστί) … ὁρᾶν ὅπως εἷς ἕκαστος καὶ ἡ σὐμπασα πόλις καλῶς τοὺς ἐπιόντας παρασκευσόμεθα ἀμύνεσθαι] ou bien sur les situations malencontreuses qu’il faut éviter [II 82,5: ὁρᾶτε ὅπως μὴ αἴσχιον καὶ ἀπορώτατον τῇ Πελοποννήσῳ πράξομεν; ΙΙΙ 57,1: ὁρᾶτε ὅπως μὴ οὐκ ἀποδέξωνται ἀνδρῶν ἀγαθῶν περὶ αὐτοῦς ἀμείνους ὄντας ἀπρεπές τι ἐπιγνῶναι; VIII 63,4: ὁρᾶν ὅτῳ τρόπῳ μὴ ἀνεθήσεται τὰ πράγματα].

1. 1. 3. En guise de conclusion, la perception cognitive exprimée par ὁρῶ est concrète, réelle et volontaire. Le verbe dénote la volonté mise en œuvre par le sujet pour prendre conscience, à la suite d’un effort d’observation attentive, un état de choses, un fait achevé ou en train de se produire aussi bien que pour déployer toute son attention afin de mener à bien l’action à laquelle il est engagé.

1. 2. La valeur métaphorique: direction géographique

Construit avec un syntagme préposition (πρός + Nom), ὁρῶ se prête au sens de ‘être tourné vers, regarder vers’. Ce sens est illustré par les emplois du verbe dont le sujet désigne la terre (Πάραλου γῆν) [II 55,1: καὶ πρῶτον μὲν ἔτεμον ταύτην ᾗ πρὸς Πελοπόννησον ὁρᾷ], une pointe de la terre qui s’avance dans la mer (ἀκρωτήριον) [II 93,4: ἐπὶ δὲ τῆς Σαλαμῖνος τὸ ἀκρωτήριον τὸ πρὸς Μέγαρα ὁρῶν], un escarpement rocheux en pente forte (κρημνός) [VI 101,1: ὃς (κρημνός) τῶν ἐπιπολῶν ταύτῃ πρὸς τὸν μέγαν λιμένα ὁρᾷ] aussi bien que des lieux et des constructions de défense et de protection (φρούριον, τεῖχος) [VI 97,5: φρούριον…ὁρῶν πρὸς τὰ Μέγαρα; VI 75,1: τεῖχος παρὰ πᾶν τὸ πρὸς τὰς ἐπιπολὰς ὁρῶν; VII 37,2: προσῆγε τῷ τείχει τῶν Ἀθηναίων καθ᾽ ὅσον πρὸς τὴν πόλιν αὐτοῦ ἑώρα].

1. 3. Conclusion

L’étude sur les emplois de ὁρῶ permet de tirer les conclusions suivantes:

i) la structure nominale exprime une relation à l’intérieur du procès, mettant en jeu des actants au premier degré;

ii) en revanche, les constructions avec un syntagme participial, un syntagme infinitival et une proposition complétive ajoutent un actant extérieur au procès, un spectateur, un témoin pour ainsi dire, qui ‘juge’, qui ‘constate’, qui ‘extériorise’ la situation. Ces constructions expriment donc une relation au second degré ;

iii) par opposition à la perception physique qui est un procès involontaire et sans visée précise, la perception cognitive indique un procès volontaire et de la sorte dynamique.

Reconstruction de la physionomie de ὁρῶ

2. Le verbe βλέπω

2. 1. La valeur fondamentale : perception visuelle

2. 1. 1. Spécificité 1 : perception physique

Suivi d’un syntagme prépositionnel (πρὸς + Nom), βλέπω rêvet le sens de ‘diriger le regard vers, regarder vers’ une entité du second ordre, en l’occurrence la situation politique actuelle [V 98: ὅταν ἐς τάδε βλέψαντες ἡγήσωνταί ποτε ὑμᾶς καὶ ἐπὶ σφᾶς ἥξειν] et le revers subi dans la bataille [VII 71,3: οἱ δ᾽ ἐπὶ τι ἡσσώμενον βλέψαντες].

La valeur fondamentale de βλέπω et sa spécificité peuvent se représenter par le schéma suivant :

3. Le verbe θεάομαι

3. 1. La valeur fondamentale : perception visuelle

3. 1. 1. Spécificité 1 : perception physique

La perception physique repose sur la considération assidue et volontaire d’une entité du second ordre.

Suivi d’un accusatif, θεάομαι est doté de deux sens: il exprime, d’une part, l’action de regarder avec attention et de façon itérative la grande puissance de la cité [II 43: τὴν τῆς πόλεως δύναμιν καθ᾽ἡμέραν θεωμένους], auquel cas il se prête au sens de ‘contempler un état de chose digne d’admiration’ et, d’autre part, celle de regarder avec attention une réalité géographique, à savoir la région marécageuse d’un fleuve et la situation de la ville [V 7,4: ἐθεᾶτο τὸ λιμνῶδες τοῦ Στρυμῶνος καὶ τὴν θέσιν τῆς πόλεως ἐπὶ Θράκῃ ὡς ἔχοι]. Dans ce cas, le verbe signifie ‘observer métuculeuseument’.

3. 1. 2. Spécificité 2 : perception cognitive

Par opposition aux emplois précédents qui expriment l’action de percevoir par la vue une entité concrète et spécifique, θεάομαι indique l’action de se représenter dans l’esprit, d’imaginer comme réelle une situation qui ne s’est pas produite [V 113: τὰ δὲ ἀφανῆ τῷ βούλεσθαι ὡς γιγνόμενα ἤδη θεᾶσθε]. Θεάομαι renvoie donc à une action abstraite, imaginée.

4. Conclusion

En fonction de l’étude sur les emplois de ὁρῶ, βλέπω et θεάομαι résultent les conclusions suivantes :

i) La valeur fondamentale renvoyant à la perception visuelle est commune aux trois verbes:

ii) Au sein de la valeur fondamentale se dégage la spécificité 1 qui indique la perception physique concrète et réelle. Dans le champ sémantique de cette perception, une opposition apparaît: celle entre la perception involontaire (passive) exprimée par ὁρῶ et la perception volontaire (active) rendue par βλέπω et θεάομαι. Cette opposition rend compte de la distinction qui s’établit, d’une part, entre le sens de ‘voir’, exprimé par ὁρῶ et, d’autre part, le sens de ‘diriger le regard vers, regarder vers’, propre à βλέπω, et les sens de ‘contempler avec admiration’ et de ‘observer métuculeusment’, exprimées par θεάομαι.

iii) De la valeur fondamentale de ὁρῶ et de θεάομαι dérive également la spécificité 2 qui renvoie à la perception cognitive et volontaire. Au sein du domaine de cette perception, l’action produite par ὁρῶ est concrète et réelle. En plus, elle implique un effort d’observation et d’attention. Cela est manifeste dans le sens 1 (‘s’apercevoir de, se rendre compte de’) et le sens 2 (‘veiller attentivement à ce que’) auxquels le verbe se prête. En revanche, l’action réalisée par θεάομαι est abstraite et imaginée, ne visant aucun objet concret et spécifique.

iv) La valeur métaphorique exprimant la direction géographique à laquelle une entité inanimée fait face est propre au verbe ὁρῶ.

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1 Les verbes de perception visuelle ont fait l’objet de nombreuses études. Parmi les plus représentatives sont celles de Chocheyras (1968); Gonda (1960); Granville Hatcher (1944); Gruber (1967); Higginbotham (1984); Iraide Ibarretxe-Antuñano (1999); Kirsner; Thompson (1976); Le Querler (1989); Martineau (1990); Prévot (1935); Rogers (1971); Schepping (1985); Schwarze (1974); Vendryes (1952); Viberg (1984); Willems (1983); Willems; Defrancq (2000).

2 Sur la syntaxe du verbe ὁρῶ chez Homère, voir la remarquable étude de De Boel (1987); sur les différents sens auxquels le verbe se prête, voir Thordarson (1971).

3 Sur les emplois et le sens de βλέπω, voir Thordarson (1971).

4 La distinction des trois types d’entités (entités du premier ordre, entités du second ordre et entités du troisième ordre) est établie par Lyons (1980:77-80), à la suite des travaux de Strawson (1989). Voir aussi Kesik (1989:35); Perdicoyianni-Paléologou (2013:7).

5 Le feu se subdivise en variétés, selon les mesures de la participation et des mélanges. Ainsi on distingue trois sortes de feu: la flamme brûlante, la lumière et les résidus incondescents de la flamme.

6 Sur l’emploi de ὡς Neuberger-Donath (1982); en ce qui concerne les aspects pragmatiques et sémantiques de la distribution des emplois de ὅτι et de ὡς, voir Cristofaro (1997); pour ce qui est des emplois paratactiques de ὡς, voir Muchnová (2004).

7 Lorsque l’anaphorique et l’antécédent se trouvent dans la même phrase (simple ou complexe), on a une anaphore intraphrastique. Dans les autres cas, on a affaire à des anaphores transphrastique, voir à ce propos Perdicoyianni-Paléologou (2013:6).

8 Sur le relatif de liaison en grec, voir Denizot (2012).

9 Sur la coordination du type τε… καί, voir Lambert (2005).

10 Sur ce type de coordination, Leumann (1949); McLennan (1975).